mercredi 7 avril 2010

Trop de publicité tue la publicité

Déjà dans les années 60, le publicitaire américain Bill Bernbach l'homme qui a lancé la minuscule coccinelle aux pays des grosses voitures, refusait de multiplier les publicités à la télévision. Il ne voulait pas s'inviter de force, disait-il "dans le salon des gens". Il pensait que l'audience d'une publicité venait de sa créativité, pas de l'occupation permanente de temps libre de cervelle du public. Il appelait ça de la courtoisie...

Né le 13 août 1911 à New York, Bill Bernbach fut une figure importante de l'histoire publicitaire américaine. Il fut ainsi un des fondateurs de la Doyle Dane Bernbach (DDB Worldwide) et dirigea la fameuse campagne publicitaire de la Volkswagen Coccinelle dont le slogan Think Small est au top du classement des publicités du 20e siècle paru dans le magazine publicitaire américain Advertising Age.

Bernbach fut remarqué pour sa créativité et ses idées excentriques. Il est ainsi reconnu comme étant un des publicitaires ayant participé à la révolution de créativité des décennies 1960 et 1970.

Les autres campagnes connues du publicitaire se sont affichées avec les slogans We Try Harder pour la société de location de véhicules (Avis Car Rental), avec le slogan Mikey de la marque de céréales (Life Cereal), avec You Don't Have to be Jewish to Love Levy's (pain de marque Levy's) et It's so simple (Polaroid). Il décède le 2 octobre 1982 à New York.

Les petites phrases de Bill Bernbach

"Laissez nous prouver au monde que le bon goût, le bon art, et la bonne écriture peut être vendeuse"

"Tous ceux d'entre nous qui ont utilisé les médias sont des façonneurs de la société. Nous pouvons vulgariser cette société. Nous pouvons la brutaliser. Et nous pouvons l'amener à un meilleur niveau"

"Personne ne compte le nombre de pubs que vous faites... On ne se souvient que de l'empreinte que vous laissez"

"Les règles sont brisées par les artistes... L'inoubliable ne naît jamais d'une formule toute faite"

"La persuasion n'est pas une science, mais un art"



Sa conception de la publicité reste un modèle pour les professionnels de la publicité, puisque son grand principe du "LESS IS MORE" se révèle toujours redoutablement efficace...

Think small Ad

mercredi 9 septembre 2009

Combattre l'invasion publicitaire

Les attaques contre la publicité prennent différentes formes.

Action juridique

Très pratiquée par l'association « Paysages de France », qui attaque sur le plan juridique les afficheurs, car beaucoup de panneaux publicitaires sont illégaux ; les afficheurs profitant de l'inaction de la juridiction (préfets, personnalités politiques) savent qu'ils ont peu à craindre et laissent en place leurs panneaux illégaux, même après avoir été attaqués en justice. Paysages de France possède maintenant une forte expérience juridique concernant l'affichage publicitaire, cette association propose d'ailleurs de l'aide à divers groupes anti-publicitaires locaux afin de faire enlever des panneaux publicitaires. Pour ses attaques en justice, cette association se sert de différents ouvrages juridiques, notamment ceux de Jean-Philippe Strebler, un juriste spécialisé dans le droit public et l'affichage publicitaire.

Contre-proposition

Considérant que la société de consommation (ou de « consumation ») et la publicité asserviraient l'homme, l'idée de l'association « Les Humains Associés » est de réinvestir l'espace public et publicitaire pour le mettre au service de l'humain, à travers un discours non commercial et gratuit, dans une démarche qui cherche moins à être critique qu'à proposer une alternative et à inviter chacun à la réflexion et à une prise de conscience individuelle, libre et indépendante.

Détournement publicitaire

Pratiqué surtout dans les années 1960 par les situationnistes et dans les années 1980 par les premiers groupes d'activistes, elle est encore utilisée aujourd'hui. Il s'agit d'utiliser la publicité en détournant le message afin de le transformer ou de révéler la volonté originale de la publicité. (voir aussi détournement)

Emballage

Se pratique dans la rue, il s'agit d'emballer avec du matériel trouvé sur place (carton, etc.) ou préparé à l'avance, les publicités en laissant éventuellement un message sur cet emballage ou en permettant à tous d'en laisser un. Cette pratique n'étant pas une dégradation, elle est pratiquée au grand jour (notamment à Montpellier ou à Montauban par le collectif Antipub 82)

Dégradation

Ce sont les actions les plus représentées par les médias. Cas courant dans le métro parisien, par des individus isolés ou des groupes clandestins plus organisés. S'agissant généralement de dégradations légères, leurs auteurs risquent une contravention de cinquième classe.
Des actions anti-publicitaires sont organisées plus ou moins régulièrement (France, Belgique), demandant les participations anonymes au "retrait" des publicités des lieux publics.
Actions de barbouillage au grand jour du Collectif des Déboulonneurs. Ce collectif, agissant tous les mois dans plusieurs villes de France simultanément, se réclame de la désobéissance civile non-violente. Il souhaite provoquer un débat public sur le système publicitaire et faire évoluer la loi réglementant l'affichage en portant ses revendications devant les tribunaux après une dégradation assumée de panneaux publicitaires.

Boycottage de la publicité au "quotidien"
  • Téléphone : en France, inscription sur "liste orange" ou "liste rouge" de son opérateur téléphonique.Refus de publicité dans les boîtes aux lettres : placer une inscription "antipub", "Pub non merci" sur sa boîte aux lettres. Certaines mairies, associations ou organismes délivrent des autocollants prêts à l'emploi. Le ministère de l'écologie a lancé notamment en 2005 un campagne de distribution d'autocollants stop pub. Aujourd'hui, le ministère n'assure plus la fourniture de cet autocollant. Cependant, cette action a été largement relayée par des organismes environnementaux, des associations et même des entreprises.
  • En Belgique, inscription à la liste Robinson pour ne plus recevoir de courrier publicitaire "adressé".
Suppression de la publicité par des moyens techniques
  • Sur Internet, l'emploi d' Opera 9 ou de Mozilla Firefox qui permet d'installer l'extension Ad block plus ( http://adblockplus.org/fr/index ) se basant sur des listes des liens publicitaires connus et bloquant leur chargement (gain de lisibilité des pages et temps de chargement accéléré).
  • Tous les navigateurs moderne proposent un blocage séléctif des popups qui sont souvent (mais pas toujours) publicitaires.
  • Tous les logiciels de gestion de courriel récent permettent d'écarter le spam du courrier électronique.
  • Certains logiciels proxy (comme proxomitron)
  • Pour la télévision, certains enregistreurs vidéo numériques (type TiVo) permettent le filtrage des publicités (fonction appelée « adskipping »). Peu répandus encore en Europe, ils connaissent un succès croissant aux États-Unis.
  • L'apparition sur le marché de télécommandes d'arrêt universelles (comme "TV B gone") permet d'arrêter les téléviseurs diffusant de la publicité dans les espaces publics ou dans les magasins.

vendredi 8 août 2008

Critique de la publicité

Il convient tout d'abord de définir le terme publicité, cible de la critique du mouvement :
Action, fait de promouvoir la vente d'un produit en exerçant sur le public une influence, une action psychologique afin de créer en lui des besoins, des désirs; ensemble des moyens employés pour promouvoir un produit (définition du Trésor de la langue française informatisé).
Le sens action de rendre public n'est généralement pas remis en cause.

La critique de la publicité apparaît simultanément avec son développement. La philosophe Simone Weil (1909-1943) y voit une menace directe contre la liberté d'opinion et une insulte à l'intelligence : « La publicité, par exemple, doit être rigoureusement limitée par la loi ; la masse doit en être très considérablement réduite ; il doit lui être strictement interdit de jamais toucher à des thèmes qui appartiennent au domaine de la pensée. » Autrement dit, Simone Weil propose que la présence de la publicité soit minimisée et que son fond se limite strictement au produit promu. Elle s'élève tout particulièrement contre les publicités associant un produit à une valeur.

La publicité est principalement critiquée pour son invasion de l'espace public, de la vie courante (télévision, radio, boîtes aux lettres, téléphone, journaux, cinéma, Internet, panneaux publicitaires, ainsi que sur les vêtements) et son emploi de techniques nuisibles et agressives comme le matraquage (plus de 3000 messages publicitaires par jour) ou la manipulation mentale. Une autre sorte de critique affirme que la publicité prise dans son ensemble diffuse un message politique fort, prônant la société de consommation, incitant au gaspillage et à la pollution. Ces critiques se retrouvent à la base du concept de la décroissance soutenable.

L'opposition la plus courante à la publicité est une critique morale : ses impacts sur l'éducation des enfants et adolescents, la manipulation des consciences, la promotion de drogues (alcool, tabac)... N’apportant pas une information objective, elle détournerait de la vérité, valoriserait au contraire l'illusion et le mensonge. Elle distrairait au sens pascalien où elle ferait perdre de vue des choses importantes pour l'individu, la société et l'environnement. Elle tendrait en outre à propager des stéréotypes, généralement discriminatoires (sexisme, racisme, etc.), contribuant à imposer une « pensée unique », normative et démobilisatrice.

Un autre reproche fait à la publicité est le coût qu'elle engendre. En effet, une part difficilement mesurable du coût d'un produit de grande consommation ou d'un service repose dans le financement de sa publicité ou de son packaging. Ce coût est bien évidemment reporté dans le prix du produit fini payé par le consommateur. En diminuant la publicité, une entreprise aurait ainsi moins de dépenses et pourrait donc mécaniquement augmenter la qualité de son produit ou faire baisser les prix. À ceci, les publicitaires répondent que la publicité permet de vendre plus et donc d'effectuer une Économie d'échelle, ce qui permet une baisse des prix. Les antipubs rétorquent encore une fois que l'économie d'échelle se produit naturellement : lorsque le produit est bon il se vend en nombre élevé, ceci étant particulièrement vrai lorsque le marché et la concurrence ne sont pas corrompus par une prédominance de l'image du produit sur sa réelle qualité.

C'est pour cette raison énoncée au paragraphe précédent que certains s'opposent au terme de "gratuité", employé lorsqu'un service est financé par la publicité. À leurs yeux, la gratuité dont semble bénéficier l'utilisateur final n'est qu'apparente. En effet le coût d'un service financé par la pub (journaux "gratuits", chaîne privée hertzienne) est reporté sur les annonceurs, qui eux-mêmes le reportent sur le prix que paye le consommateur dans son panier de courses. le terme de "gratuité" atteint donc sa limite. C'est ainsi qu'en informatique, par souci de précision le terme de publiciel est encouragé dans le cas de logiciel dont l'apparente gratuité cache un financement à base de publicité. Le mot gratuiciel est alors réservé aux logiciels véritablement gratuits.

Les médias sont principalement financés par la publicité, au détriment croissant de l'apport des lecteurs, auditeurs ou spectateurs. Cette position soumet les médias aux annonceurs, les soustrayant à la critique, sur le principe qu'on ne mord pas la main qui vous nourrit. Certains médias avouent d'ailleurs faire de la location d'espaces publicitaires leur cœur d'activité. Ainsi, Patrick Le Lay, P. D.-G. de la chaîne privée française de télévision TF1, a affirmé « Ce que nous vendons à Coca-Cola, c'est du temps de cerveau humain disponible. »

La communication entre le vendeur et le consommateur est rendue asymétrique par la publicité : au moyen de sondages et d’études de marché, le vendeur cherche à avoir une information claire et objective sur le comportement du consommateur, ses désirs, ses critères de choix, etc. afin de concevoir sa publicité. Le consommateur recevrait passivement du producteur une information (la publicité) qui n’est pas choisie en fonction de ses intérêts, mais de ceux du vendeur.

La publicité utilise de manière industrielle des techniques élaborées avec l'avancée des sciences humaines. Selon certaines critiques, la publicité culpabilise le consommateur, lui inculque des comportements compulsifs et sédentaires et nuit en général à sa santé physique et mentale.

La critique de la publicité va souvent de pair avec une défense de la valeur de l'être humain dans la société de consommation. « Chacun de nous aujourd’hui vaut moins que le vêtement qu’il porte, à moins qu’il ne représente une puissance sans visage. Nous vivons sur une poudrière qui peut s’embraser d’un moment à l’autre, et nous oublions que le changement de cette situation dépend de la prise de conscience de chacun de nous en particulier. » Tatiana Faria

La critique de la publicité peut s'inscrire, comme chez Naomi Klein (cf. No Logo), au sein d'une critique de l'hégémonie des marques dans la société actuelle. La marque est déjà en soi une publicité et celui qui la porte devient un homme-sandwich.

Elle peut être plus généralement encore, un refus de la propagande, de la manipulation et de toutes les formes de populisme. À l'instar de la pollution environnementale, on peut en effet parler de la publicité comme pollution mentale.

Et finalement, la critique de la publicité peut s'inscrire dans un refus de la pollution environnementale, soit sous l'angle esthétique comme le clame notamment l'association "Paysages de France" soit sous l'angle de l'appauvrissement de l'environnement avec la production nécessaire à l'industrie publicitaire (exemple à développer : le papier).

Le terme système publicitaire est utilisé pour évoquer les ramifications et impacts de la publicité dans la société, impliquant qu'elle n'est pas un phénomène isolé que l'on pourrait retirer toutes choses égales par ailleurs. Ainsi elle s'inscrirait au cœur du fonctionnement de la société dont il conviendrait de critiquer l'idéologie dans son ensemble.