tag:blogger.com,1999:blog-13204672402996093412024-02-20T14:04:54.345+01:00Anti PubsLa publicité est la dictature invisible de notre sociétéMalcolm Saint Justehttp://www.blogger.com/profile/02460276580032115581noreply@blogger.comBlogger6125tag:blogger.com,1999:blog-1320467240299609341.post-70621266955908193202010-04-07T03:36:00.010+02:002010-04-23T04:28:09.540+02:00Trop de publicité tue la publicitéDéjà dans les années 60, le publicitaire américain Bill Bernbach l'homme qui a lancé la minuscule coccinelle aux pays des grosses <a href="http://belles-carrosseries.blogspot.com/">voitures</a>, refusait de multiplier les publicités à la télévision. Il ne voulait pas s'inviter de force, disait-il "dans le salon des gens". Il pensait que l'audience d'une publicité venait de sa <a href="http://esprit-creatif.blogspot.com/">créativité</a>, pas de l'occupation permanente de <a href="http://cerveau-disponible.blogspot.com/">temps libre de cervelle</a> du public. Il appelait ça de la courtoisie...<br /><br />Né le 13 août 1911 à New York, Bill Bernbach fut une figure importante de l'histoire publicitaire américaine. Il fut ainsi un des fondateurs de la Doyle Dane Bernbach (DDB Worldwide) et dirigea la fameuse campagne publicitaire de la Volkswagen Coccinelle dont le slogan Think Small est au top du classement des <a href="http://twitter.com/publicites">publicités</a> du 20e siècle paru dans le magazine publicitaire américain Advertising Age.<br /><br />Bernbach fut remarqué pour sa créativité et ses idées excentriques. Il est ainsi reconnu comme étant un des publicitaires ayant participé à la révolution de créativité des décennies 1960 et 1970.<br /><br />Les autres campagnes connues du publicitaire se sont affichées avec les slogans We Try Harder pour la société de location de véhicules (Avis Car Rental), avec le slogan Mikey de la marque de céréales (Life Cereal), avec You Don't Have to be Jewish to Love Levy's (pain de marque Levy's) et It's so simple (Polaroid). Il décède le 2 octobre 1982 à New York.<br /><br /><span style="font-weight: bold;"></span><blockquote><span style="font-weight: bold;">Les petites phrases de Bill Bernbach</span><br /><br />"Laissez nous prouver au monde que le bon goût, le bon art, et la bonne écriture peut être vendeuse"<br /><br />"Tous ceux d'entre nous qui ont utilisé les médias sont des façonneurs de la société. Nous pouvons vulgariser cette société. Nous pouvons la brutaliser. Et nous pouvons l'amener à un meilleur niveau"<br /><br />"Personne ne compte le nombre de pubs que vous faites... On ne se souvient que de l'empreinte que vous laissez"<br /><br />"Les règles sont brisées par les artistes... L'inoubliable ne naît jamais d'une formule toute faite"<br /><br />"La persuasion n'est pas une science, mais un art"<br /><br /><br /></blockquote><br />Sa conception de la publicité reste un modèle pour les <a href="http://secret-professionnel.blogspot.com/">professionnels</a> de la <a href="http://webzapping.tumblr.com/">publicité</a>, puisque son grand principe du "LESS IS MORE" se révèle toujours redoutablement efficace...<br /><center><br /><a href="http://anti-pubs.blogspot.com/" title="Think small Ad"><img src="http://asset.soup.io/asset/0797/5948_70b6_500.jpeg" alt="Think small Ad" border="0" width="90%" /></a></center>Malcolm Saint Justehttp://www.blogger.com/profile/02460276580032115581noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-1320467240299609341.post-17588171894178962212009-09-09T04:39:00.002+02:002010-02-04T04:52:06.343+01:00Combattre l'invasion publicitaireLes attaques contre la publicité prennent différentes formes.<br /><br /> <span style="font-weight: bold;">Action juridique</span><br /><br /> Très pratiquée par l'association « Paysages de France », qui attaque sur le plan juridique les afficheurs, car beaucoup de panneaux publicitaires sont illégaux ; les afficheurs profitant de l'inaction de la juridiction (préfets, personnalités politiques) savent qu'ils ont peu à craindre et laissent en place leurs panneaux illégaux, même après avoir été attaqués en justice. Paysages de France possède maintenant une forte expérience juridique concernant l'affichage publicitaire, cette association propose d'ailleurs de l'aide à divers groupes anti-publicitaires locaux afin de faire enlever des panneaux publicitaires. Pour ses attaques en justice, cette association se sert de différents ouvrages juridiques, notamment ceux de Jean-Philippe Strebler, un juriste spécialisé dans le droit public et l'affichage publicitaire.<br /><br /> <span style="font-weight: bold;">Contre-proposition</span><br /><br /> Considérant que la société de consommation (ou de « consumation ») et la publicité asserviraient l'homme, l'idée de l'association « Les Humains Associés » est de réinvestir l'espace public et publicitaire pour le mettre au service de l'humain, à travers un discours non commercial et gratuit, dans une démarche qui cherche moins à être critique qu'à proposer une alternative et à inviter chacun à la réflexion et à une prise de conscience individuelle, libre et indépendante.<br /><br /> <span style="font-weight: bold;">Détournement publicitaire</span><br /><br />Pratiqué surtout dans les années 1960 par les situationnistes et dans les années 1980 par les premiers groupes d'activistes, elle est encore utilisée aujourd'hui. Il s'agit d'utiliser la publicité en détournant le message afin de le transformer ou de révéler la volonté originale de la publicité. (voir aussi détournement)<br /><br /> <span style="font-weight: bold;">Emballage</span><br /><br /> Se pratique dans la rue, il s'agit d'emballer avec du matériel trouvé sur place (carton, etc.) ou préparé à l'avance, les publicités en laissant éventuellement un message sur cet emballage ou en permettant à tous d'en laisser un. Cette pratique n'étant pas une dégradation, elle est pratiquée au grand jour (notamment à Montpellier ou à Montauban par le collectif Antipub 82)<br /><br /><span style="font-weight: bold;">Dégradation</span><br /><br /> Ce sont les actions les plus représentées par les médias. Cas courant dans le métro parisien, par des individus isolés ou des groupes clandestins plus organisés. S'agissant généralement de dégradations légères, leurs auteurs risquent une contravention de cinquième classe.<br /> Des actions anti-publicitaires sont organisées plus ou moins régulièrement (France, Belgique), demandant les participations anonymes au "retrait" des publicités des lieux publics.<br /> Actions de barbouillage au grand jour du Collectif des Déboulonneurs. Ce collectif, agissant tous les mois dans plusieurs villes de France simultanément, se réclame de la désobéissance civile non-violente. Il souhaite provoquer un débat public sur le système publicitaire et faire évoluer la loi réglementant l'affichage en portant ses revendications devant les tribunaux après une dégradation assumée de panneaux publicitaires.<br /><br /><span style="font-weight: bold;"> Boycottage de la publicité au "quotidien"</span><br /><ul><li> Téléphone : en France, inscription sur "liste orange" ou "liste rouge" de son opérateur téléphonique.Refus de publicité dans les boîtes aux lettres : placer une inscription "antipub", "Pub non merci" sur sa boîte aux lettres. Certaines mairies, associations ou organismes délivrent des autocollants prêts à l'emploi. Le ministère de l'écologie a lancé notamment en 2005 un campagne de distribution d'autocollants stop pub. Aujourd'hui, le ministère n'assure plus la fourniture de cet autocollant. Cependant, cette action a été largement relayée par des organismes environnementaux, des associations et même des entreprises.</li><li>En Belgique, inscription à la liste Robinson pour ne plus recevoir de courrier publicitaire "adressé".<br /></li></ul> <span style="font-weight: bold;">Suppression de la publicité par des moyens techniques</span><br /><ul><li> Sur Internet, l'emploi d' Opera 9 ou de Mozilla Firefox qui permet d'installer l'extension Ad block plus ( http://adblockplus.org/fr/index ) se basant sur des listes des liens publicitaires connus et bloquant leur chargement (gain de lisibilité des pages et temps de chargement accéléré).</li><li>Tous les navigateurs moderne proposent un blocage séléctif des popups qui sont souvent (mais pas toujours) publicitaires.</li><li>Tous les logiciels de gestion de courriel récent permettent d'écarter le spam du courrier électronique.</li><li>Certains logiciels proxy (comme proxomitron)</li><li>Pour la télévision, certains enregistreurs vidéo numériques (type TiVo) permettent le filtrage des publicités (fonction appelée « adskipping »). Peu répandus encore en Europe, ils connaissent un succès croissant aux États-Unis.</li><li>L'apparition sur le marché de télécommandes d'arrêt universelles (comme "TV B gone") permet d'arrêter les téléviseurs diffusant de la publicité dans les espaces publics ou dans les magasins.</li></ul>Malcolm Saint Justehttp://www.blogger.com/profile/02460276580032115581noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-1320467240299609341.post-59706246212710084582008-08-08T04:29:00.001+02:002010-02-04T04:32:40.186+01:00Critique de la publicitéIl convient tout d'abord de définir le terme publicité, cible de la critique du mouvement :<br /><blockquote>Action, fait de promouvoir la vente d'un produit en exerçant sur le public une influence, une action psychologique afin de créer en lui des besoins, des désirs; ensemble des moyens employés pour promouvoir un produit (définition du Trésor de la langue française informatisé).</blockquote>Le sens action de rendre public n'est généralement pas remis en cause.<br /><br />La critique de la publicité apparaît simultanément avec son développement. La philosophe Simone Weil (1909-1943) y voit une menace directe contre la liberté d'opinion et une insulte à l'intelligence : « La publicité, par exemple, doit être rigoureusement limitée par la loi ; la masse doit en être très considérablement réduite ; il doit lui être strictement interdit de jamais toucher à des thèmes qui appartiennent au domaine de la pensée. » Autrement dit, Simone Weil propose que la présence de la publicité soit minimisée et que son fond se limite strictement au produit promu. Elle s'élève tout particulièrement contre les publicités associant un produit à une valeur.<br /><br />La publicité est principalement critiquée pour son invasion de l'espace public, de la vie courante (télévision, radio, boîtes aux lettres, téléphone, journaux, cinéma, Internet, panneaux publicitaires, ainsi que sur les vêtements) et son emploi de techniques nuisibles et agressives comme le matraquage (plus de 3000 messages publicitaires par jour) ou la manipulation mentale. Une autre sorte de critique affirme que la publicité prise dans son ensemble diffuse un message politique fort, prônant la société de consommation, incitant au gaspillage et à la pollution. Ces critiques se retrouvent à la base du concept de la décroissance soutenable.<br /><br />L'opposition la plus courante à la publicité est une critique morale : ses impacts sur l'éducation des enfants et adolescents, la manipulation des consciences, la promotion de drogues (alcool, tabac)... N’apportant pas une information objective, elle détournerait de la vérité, valoriserait au contraire l'illusion et le mensonge. Elle distrairait au sens pascalien où elle ferait perdre de vue des choses importantes pour l'individu, la société et l'environnement. Elle tendrait en outre à propager des stéréotypes, généralement discriminatoires (sexisme, racisme, etc.), contribuant à imposer une « pensée unique », normative et démobilisatrice.<br /><br />Un autre reproche fait à la publicité est le coût qu'elle engendre. En effet, une part difficilement mesurable du coût d'un produit de grande consommation ou d'un service repose dans le financement de sa publicité ou de son packaging. Ce coût est bien évidemment reporté dans le prix du produit fini payé par le consommateur. En diminuant la publicité, une entreprise aurait ainsi moins de dépenses et pourrait donc mécaniquement augmenter la qualité de son produit ou faire baisser les prix. À ceci, les publicitaires répondent que la publicité permet de vendre plus et donc d'effectuer une Économie d'échelle, ce qui permet une baisse des prix. Les antipubs rétorquent encore une fois que l'économie d'échelle se produit naturellement : lorsque le produit est bon il se vend en nombre élevé, ceci étant particulièrement vrai lorsque le marché et la concurrence ne sont pas corrompus par une prédominance de l'image du produit sur sa réelle qualité.<br /><br />C'est pour cette raison énoncée au paragraphe précédent que certains s'opposent au terme de "gratuité", employé lorsqu'un service est financé par la publicité. À leurs yeux, la gratuité dont semble bénéficier l'utilisateur final n'est qu'apparente. En effet le coût d'un service financé par la pub (journaux "gratuits", chaîne privée hertzienne) est reporté sur les annonceurs, qui eux-mêmes le reportent sur le prix que paye le consommateur dans son panier de courses. le terme de "gratuité" atteint donc sa limite. C'est ainsi qu'en informatique, par souci de précision le terme de publiciel est encouragé dans le cas de logiciel dont l'apparente gratuité cache un financement à base de publicité. Le mot gratuiciel est alors réservé aux logiciels véritablement gratuits.<br /><br />Les médias sont principalement financés par la publicité, au détriment croissant de l'apport des lecteurs, auditeurs ou spectateurs. Cette position soumet les médias aux annonceurs, les soustrayant à la critique, sur le principe qu'on ne mord pas la main qui vous nourrit. Certains médias avouent d'ailleurs faire de la location d'espaces publicitaires leur cœur d'activité. Ainsi, Patrick Le Lay, P. D.-G. de la chaîne privée française de télévision TF1, a affirmé « Ce que nous vendons à Coca-Cola, c'est du temps de cerveau humain disponible. »<br /><br />La communication entre le vendeur et le consommateur est rendue asymétrique par la publicité : au moyen de sondages et d’études de marché, le vendeur cherche à avoir une information claire et objective sur le comportement du consommateur, ses désirs, ses critères de choix, etc. afin de concevoir sa publicité. Le consommateur recevrait passivement du producteur une information (la publicité) qui n’est pas choisie en fonction de ses intérêts, mais de ceux du vendeur.<br /><br />La publicité utilise de manière industrielle des techniques élaborées avec l'avancée des sciences humaines. Selon certaines critiques, la publicité culpabilise le consommateur, lui inculque des comportements compulsifs et sédentaires et nuit en général à sa santé physique et mentale.<br /><br />La critique de la publicité va souvent de pair avec une défense de la valeur de l'être humain dans la société de consommation. « Chacun de nous aujourd’hui vaut moins que le vêtement qu’il porte, à moins qu’il ne représente une puissance sans visage. Nous vivons sur une poudrière qui peut s’embraser d’un moment à l’autre, et nous oublions que le changement de cette situation dépend de la prise de conscience de chacun de nous en particulier. » Tatiana Faria<br /><br />La critique de la publicité peut s'inscrire, comme chez Naomi Klein (cf. No Logo), au sein d'une critique de l'hégémonie des marques dans la société actuelle. La marque est déjà en soi une publicité et celui qui la porte devient un homme-sandwich.<br /><br />Elle peut être plus généralement encore, un refus de la propagande, de la manipulation et de toutes les formes de populisme. À l'instar de la pollution environnementale, on peut en effet parler de la publicité comme pollution mentale.<br /><br />Et finalement, la critique de la publicité peut s'inscrire dans un refus de la pollution environnementale, soit sous l'angle esthétique comme le clame notamment l'association "Paysages de France" soit sous l'angle de l'appauvrissement de l'environnement avec la production nécessaire à l'industrie publicitaire (exemple à développer : le papier).<br /><br />Le terme système publicitaire est utilisé pour évoquer les ramifications et impacts de la publicité dans la société, impliquant qu'elle n'est pas un phénomène isolé que l'on pourrait retirer toutes choses égales par ailleurs. Ainsi elle s'inscrirait au cœur du fonctionnement de la société dont il conviendrait de critiquer l'idéologie dans son ensemble.Malcolm Saint Justehttp://www.blogger.com/profile/02460276580032115581noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-1320467240299609341.post-9632728712482704282008-08-07T04:35:00.002+02:002010-02-04T16:01:38.331+01:00Critique de l'anti-publicitéOn reproche souvent aux acteurs du mouvement anti-publicitaire d'utiliser les moyens qu'ils dénoncent, à savoir les techniques publicitaires. En effet, le contre-affichage et le barbouillage de slogans relève d'une simplification des messages propagés, voire de la manipulation. Ces techniques ont cependant un caractère artisanal, à l'opposé des techniques industrielles utilisées dans la publicité permettant de diffuser un même message à très grande échelle.<br /><br />De plus, les techniques publicitaires comme le slogan ou le refrain ne sont que des récupérations de méthodes séculaires telles l'aphorisme, le proverbe, l'adage ou le dicton. Leur utilisation par les antipubs n'est donc qu'une réappropriation de ces outils à des fins différentes de celles de la propagande consumériste.<br /><br />Certains objectent cependant que cette réappropriation aboutit en fait, par contrecoup, à justifier l'utilisation de ces outils par les publicitaires.Malcolm Saint Justehttp://www.blogger.com/profile/02460276580032115581noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-1320467240299609341.post-14054198188533579272007-07-07T04:16:00.000+02:002010-02-04T04:17:51.634+01:00Le Mouvement AntipubLe terme « antipub » ou « mouvement antipub », raccourci pour antipublicitaire, est devenu une appellation médiatisée en France après des actions spectaculaires à l'encontre de l'affichage publicitaire dans le métro parisien en automne 2003.<br /><br />Cependant, le mouvement antipublicitaire et les actions de contestation de la publicité ont émergé bien avant dans le monde entier : dès 1977 en Californie avec le Billboard Liberation Front, qui essaime jusqu'en Australie, (1983) ; dès 1987, en France avec les Humains Associés et leurs campagnes d'affichage de contre-publicité humaniste, et dès 1989 au Canada avec Adbusters, qui promeut également des campagnes et actions antipub. De grandes associations de défense de la nature et du patrimoine, ainsi que des parcs nationaux ou des parcs naturels régionaux ont également lutté contre l'envahissement du paysage par les panneaux publicitaires.<br /><br />Ce sont les situationnistes, dont Guy Debord, qui avaient exprimé les premiers la force du détournement de l'image, de la publicité, et les premières expérimentations pratiques eurent sans doute lieu en mai 1968 en France. En 1984, Negativland, un groupe musical, utilise l'expression « résistance culturelle » (culture jamming) pour baptiser les détournements d'affiche. Chez les Britanniques, la casse de publicité s'appelle subvertising mot valise formé de advertising (publicité) et subversion.<br /><br />Comme l'analyse Naomi Klein dans son livre No Logo : « Pour un nombre croissant de jeunes activistes, le cassage de pub s'est présenté comme l'outil parfait par lequel affirmer leur désapprobation des multinationales qui leur ont si agressivement fait la chasse en tant que consommateurs, et les ont si précipitamment laissés sur le carreau en tant que travailleurs. »Malcolm Saint Justehttp://www.blogger.com/profile/02460276580032115581noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-1320467240299609341.post-68651145547506418712006-06-06T22:30:00.001+02:002010-03-13T22:45:24.010+01:00La publicité, déchet culturel ?Auteur : Gilles Guénette<br /><br />Les sondages le montrent, tout le monde aime la publicité. Tout le monde la trouve belle, meilleure qu'elle ne l'a jamais été et parfois même intelligente. Tout le monde sauf peut-être quelques intellectuels de la communication pour qui la pub est tantôt un outil d'asservissement de la population, tantôt un vilain virus qui s'immisce dans l'organisme et rend tout discernement impossible.<br /><br />Claude Cossette est l'un de ces intellos à la mode qui voient du sens (et des conspirations) là où il n'y en a pas. Dans la mouvance des critiques anti-pub à la Kalle Lasn d'Adbuster ou Naomi Klein et son No Logo, l'universitaire a publié un ouvrage intitulé La publicité, déchet culturel aux Éditions de l'IQRC. Cossette se défend d'être contre la publicité, il se dit plutôt contre ses excès. Nuance.<br /><br /><span style="font-weight: bold;">J'achète, tu achètes, il achète </span><br /><br /> Le nom vous dit peut-être quelque chose. Claude Cossette a fondé la plus grande boîte de pub au Canada: l'agence Cossette – devenue Cossette Communication marketing, puis le Groupe Cossette. Il a oeuvré pendant près de 20 ans dans le milieu publicitaire avant de tirer sa révérence pour se concentrer sur l'enseignement de la publicité au département de communication de l'Université Laval.<br /><br /> Depuis quelques années, Cossette dénonce activement l'envahissement de la publicité dans les moindres sphères de nos vies, notamment dans les toilettes et les écoles publiques (voir BROUILLAGE PUBLICITAIRE, le QL, no 32). Il en est venu à en voir jusque dans sa soupe – endroit sacré, s'il en est un. Après Oliviero Toscani (La pub est une charogne qui nous sourit) et Frédéric Beigbeder (99 francs), au tour de Cossette de dénoncer la société de consommation et ses principaux promoteurs, les publicitaires.<br /><br /> La publicité, c'est le masque charmeur de l'économie de marché. Masque charmeur parce que la publicité affiche ses plus beaux atours pour cacher sa nature véritable: persuader que le bonheur consiste à consommer jusqu'à épuisement... de la Terre. La publicité ne dit jamais directement: « Achetez ce produit, ainsi nos actionnaires feront du profit sur votre dos. » Non, la publicité fait miroiter le bonheur; elle laisse entendre qu'on ne pourra l'atteindre qu'en achetant.<br /><br /> Plus besoin de vous procurer le livre, vous avez ici le gros de sa pensée! – à moins que vous n'adhériez, vous aussi, à ce salmigondis et que vous vouliez faire durer le plaisir... Pour l'essentiel, les gens sont impuissants face au rouleau-compresseur publicitaire et c'est parce qu'ils sont un peu naïfs, voire cons, que les actionnaires des multinationales au volant de cet engin « de destruction » s'enrichissent aussi effrontément.<br /><br /> La publicité, déchet culturel est bourré de petits commentaires qui montrent à quel point Cossette ne tient pas le milieu haut dans son estime: « L'aboutissement ultime rêvé par tous les grands annonceurs est de transformer les consommateurs en "chiens de Pavlov". » « Les jeunes y sont captifs dans les écoles : ils ne peuvent pas tourner la page ou zapper – une valeur supplémentaire pour les annonceurs assoiffés de chair fraîche! » « Mais en dépit de ce que souhaitent les grands marketers, sur le plan culturel, tout n'est pas encore platement uniforme. » Ainsi de suite.<br /><br /> Si Cossette n'affectionne pas particulièrement les publicitaires, il aime encore moins l'économie de marché. Sa position, on s'en doute, est celle en vogue dans les milieux intellos francophones; c'est-à-dire, la position officielle de tous ces « communautaires » qui n'en ont que pour les « victimes de la société de consommation » (dont ils font partie) et l'interventionnisme étatique sans bornes:<br /><br /> Les marchands sont tous adeptes du libre marché, de la mondialisation, de la déréglementation... Peut-on croire que les gens d'argent, « capitalistes » par nature, ont pour objectif de faire avancer le progrès? Peut-on vraiment gober l'idée que des marchés plus libres vont permettre de créer une situation avantageuse pour le citoyen consommateur? Laissez libres les compagnies aériennes d'offrir – selon la philosophie du marketing – le service « que le consommateur désire », laissez-les fixer le prix du marché, et vous verrez petit à petit les avions manquer d'entretien jusqu'à ce qu'ils s'écrasent.<br /><br /> Bien sûr, c'est dans leur intérêt de laisser s'écraser leurs appareils! Une chance que l'État est là pour les forcer à être « meilleures », sans lui nous serions tous en danger de mort! Une chance que l'État est là pour créer des « situations avantageuses » pour le consommateur – comme le meilleur système de santé au monde (!), le meilleur réseau routier en Amérique du Nord (!!), les meilleures écoles de ce côté-ci de l'Atlantique (!!!). Cossette ne manque jamais une occasion de tirer sur le marché même si au fond, il n'y comprend pas grand-chose.<br /><br /><span style="font-weight: bold;">Gimme Logos </span><br /><br /> Nostalgique du Québec d'hier, Cossette se remémore les épiceries de quartier qui offraient jadis quantité de marchandises en vrac et sans marque. « Il reste encore des reliquats de cette façon de faire dans les supermarchés: farine, sucre et sel sont conditionnés de façon sommaire parce que les marketers n'ont pas encore réussi à se distinguer les uns des autres et, pour ces produits-là, à faire payer aux consommateurs la valeur symbolique d'une marque. »<br /> <blockquote>« Comme la plupart des anti-mondialisation et des anti-pub, Cossette aime s'en prendre aux McDonald's, Coke et Sony de ce monde, mais jamais à nos Bell, Réno-Dépôt ou Valentine. Les grandes compagnies qui représentent tout ce que le capitalisme a de plus vil à nous "imposer" sont plus souvent qu'à leur tour américaines. » </blockquote> Quoi qu'en dise Cossette, si les grandes surfaces et les supermarchés offrent aujourd'hui des aliments en vrac, c'est parce qu'il y a là une demande, pas parce qu'ils manquent d'imagination. Si pour X raisons, les consommateurs y étaient réfractaires, les marchands trouveraient d'autres façons de les vendre. Nous ne sommes donc pas « en sursis » de nous faire vendre ces catégories de produits à gros prix, il n'y a tout simplement pas de marché pour de tels produits « griffés ».<br /><br /> Certaines catégories de produits (farine, sucre et sel) sont vendues sans marque et en vrac pour des raisons économiques. Il n'y a pas de « féroce compétition » dans le commerce des clous de finition, par exemple, parce que la qualité du produit est toujours sensiblement la même, c'est-à-dire bonne, et qu'elle est vérifiable à l'oeil nu. C'est lorsque les produits sont plus « complexes », ou que plusieurs compagnies les offrent, que le consommateur recherche les marques pour guider son choix.<br /><br /> Comment expliquer que l'on préfère payer davantage pour un appareil de marque Sony que moins pour un autre d'une marque moins connue? Selon Cossette, « Peut-être parce que c'est un meilleur produit, mais surtout parce qu'il faut payer pour obtenir la marque la plus prestigieuse au monde. [...] La mission de la publicité, c'est de créer un engouement pour les images de marque de telle sorte qu'elles deviennent les nouvelles icônes de cette religion consommatoire. »<br /><br /> Les marques de commerce, on le voit, sont l'autre grande obsession de Claude Cossette. Comme la plupart des anti-mondialisation et des anti-pub, il aime s'en prendre aux McDonald's, Coke et Sony de ce monde, mais jamais à nos Bell, Réno-Dépôt ou Valentine. Les grandes compagnies qui représentent tout ce que le capitalisme a de plus vil à nous « imposer » sont plus souvent qu'à leur tour américaines. Mais bon... ça doit être un adon.<br /><br /> Pourtant, une centaine de pages plus tôt, Cossette écrit: « celui qui se procure un appareil Sony s'attend toujours à retrouver la qualité Sony; et il est prêt à débourser davantage pour obtenir cette sécurité. Aujourd'hui, les leaders du marché sont ceux qui ont réussi à obtenir la qualité totale... avant le mot. Heinz aurait-il la renommée que l'on sait si son ketchup n'avait pas la qualité qui est sienne? Frigidaire serait-il synonyme de réfrigérateur si General Motors n'avait pas réussi à mettre au point le meilleur réfrigérateur possible pour le prix le plus largement acceptable? »<br /><br /> Comme il semble le suggérer – dans ce moment de lucidité! –, les marques de commerce sont en effet des gages de qualité qui permettent au consommateur de consommer à tête reposée, sans avoir à se demander si tel ou tel produit est de bonne qualité. En optant pour un magnétoscope Sony par exemple, Julie sait qu'elle achète de la qualité. En achetant une lessiveuse Maytag, Pierre sait qu'il n'aura pas à la faire réparer avant plusieurs années. Les marques de commerce sont autant de sceaux de qualité. Et ces sceaux ne se sont pas construits du jour au lendemain. Ils se sont développés sur des périodes de plusieurs années pendant lesquelles les compagnies ont fait la preuve qu'elles offraient vraiment des produits de qualité. Ils ont évidemment un prix.<br /><br /> Le logo, ou la marque de commerce, n'est donc pas une simple tactique imaginée par le marketer manipulateur pour vendre plus de chandails « de prestige » ou pour faire grimper le prix de ses espadrilles. Il aide le consommateur à placer un produit X sur une échelle 1/10 de qualité. Le ketchup Heinz, pour reprendre l'exemple de M. Cossette, n'est pas au haut de l'échelle parce qu'il est offert dans une belle bouteille ou qu'il fait l'objet d'une plus grosse (ou meilleure) campagne publicitaire que ses compétiteurs. Il est en haut parce que c'est un produit de qualité et que cette qualité est constante.<br /><br /> Le logo sert en fait de raccourci au consommateur. Lorsque par exemple vous arrivez devant un restaurant McDonald's et que vous décidez d'y entrer, vous savez exactement à quoi vous attendre. Vous savez que si vous commandez un Trio Big Mac avec Coke, vous aurez le même trio avec Coke que vous soyez à Montréal, à New York ou à Pékin – ou, peut-être déciderez-vous de ne pas entrer dans le resto parce que vous détestez « le fast food infect qu'on y sert »... D'une façon comme de l'autre, les grandes arches jaunes, en un clin d'oeil, vous transmettent tout un lot d'informations. Et c'est à ça que servent les marques.<br /><br /><span style="font-weight: bold;">Antidote à la pub </span><br /><br /> Images de marque, logos, trademarks, Cossette n'en démord pas: il va falloir que les publicitaires reculent ou que nos gouvernements avancent. « Tant qu'il n'y aura pas vraiment des lois pour restreindre la quantité de publicités ou la sorte d'argumentation ou de persuasion que les publicitaires utilisent, ceux-ci auront tendance à exagérer un peu. » (Indicatif présent, Radio-Canada, 20 septembre 2001). En attendant, une « meilleure » éducation serait la solution.<br /><br /> Pour mettre un frein à ce gaspillage, pour augmenter la résistance aux charmes de la publicité, il ne nous reste qu'un seul espoir: investir toujours davantage dans un système d'éducation universel et gratuit. Cette idée n'est plus tellement à la mode comme le rabâche le slogan de la droite « Le citoyen utilisateur doit être le citoyen payeur! » Mais seule l'éducation permet à chacun d'assembler petit à petit des points de comparaison, de développer un esprit critique, bref, l'éducation apprend à penser par soi-même plutôt que de succomber naïvement aux sirènes publicitaires des marchands.<br /><br /> Si la rédemption passe par l'éducation, il y a de l'espoir! En effet, nous n'avons jamais été aussi éduqués qu'aujourd'hui. Nous n'avons jamais eu accès à autant d'informations gratuites qu'aujourd'hui. Si les gens éduqués sont mieux outillés pour penser par eux-mêmes – par opposition aux non-éduqués qui ne font que « dé-penser », comme le dit Cossette –, comment expliquer qu'il n'y ait pas un plus grand engouement pour un mouvement comme celui des antipub? Si les gens éduqués ont un rapport plus « éclairé » avec la pub, comment expliquer que celle-ci ait toujours une telle « emprise »?<br /><br /> La meilleure façon de contrer l'« emprise » de la publicité sur nos vies, c'est d'avoir une vie. C'est d'avoir autre chose à faire que de constamment regarder la télévision, lire les magazines populaires, fréquenter les centres d'achats... En fait, la meilleure façon de contourner la pub, c'est de l'ignorer. Elle ne peut pas prendre d'espace dans la vie de quelqu'un, si ce quelqu'un a une vie. Elle ne peut pas « contrôler » l'esprit de quelqu'un – quel drôle de concept – si celui-ci exerce un contrôle sur sa vie.<br /><br /> Bien sûr, de prétendre que la publicité n'a aucun pouvoir serait de jouer à l'autruche – les ventes de yogourts légers Silhouette ont bel et bien grimpé de 45% depuis que la comédienne Sophie Lorain en fait la promotion! Mais de prétendre que les publicitaires sont plus intelligents que la moyenne et qu'ils se servent de cette « supériorité » pour mieux contrôler le subconscient des gens est aussi ridicule. Ils ne contrôlent rien. Si c'était le cas, il n'y aurait jamais de flops publicitaires. Tous les produits seraient également populaires. Toutes les campagnes connaîtraient le succès. Toutes les compagnies ne feraient que des profits et vous et moi ne serions pas là à discuter de tout ça (trop occupés que nous serions à peaufiner notre dernière campagne de publicité).<br /><br /> Si, au lieu d'enseigner ses niaiseries anticapitalistes, Cossette expliquait à ses étudiants comment fonctionne une économie de marché et comment celle-ci est le meilleur système élaboré jusqu'ici par l'humanité pour être libre, penser par soi-même et faire ses propres choix, peut-être aurait-il ironiquement plus de succès dans sa croisade antipub...Malcolm Saint Justehttp://www.blogger.com/profile/02460276580032115581noreply@blogger.com